De l'alimentation moderne

Publié le par Marie-Line Dupuy

" Alimentation et conditions de vie dégradées

Depuis l’Après-Guerre, et le passage aux modes de culture et de vie modernes, notre alimentation s’est beaucoup appauvrie.

D’abord, la consommation de fruits, légumes et produits frais a chûté, au profit des surgelés, conserves, snacks et aliments caloriques dépourvus de nutriments essentiels : pates, pain blanc, riz, pommes de terre.

Ensuite, les légumes et les fruits frais consommés aujourd’hui par les populations des pays industrialisés n’ont plus la même richesse nutritionnelle qu’autrefois. Donald R. Davis, chercheur associé à l’Institut de Biochimie de l’Université du Texas, à Austin, a analysé les données collectées par le Ministère de l’Agriculture des Etats-Unis en 1950 et 1999 sur le contenu en nutriments de 43 fruits et légumes cultivés. La teneur en six nutriments sur treize avait diminué dans ces produits, les autres n’ayant pas connu de variation significative. La teneur en trois minéraux, le phosphore, le fer et le calcium, avait baissé de 9 à 16 %. Celle en protéines avaient baissé de 6 %. Celle en riboflavine avait baissé de 38 % et celle en acide ascorbique (précurseur de la vitamine C) avait baissé de 15 %.

Une étude de contenu en minéraux des fruits et légumes cultivés en Angleterre entre 1930 et 1980 a témoigné d’une baisse similaire de la concentration en nutriments. L’étude britannique a montré que les taux de calcium, magnésium, cuivre et sodium dans les légumes, et de magnésium, fer, cuivre et potassium dans les fruits, avaient baissé de façon significative. L’étude a conclu que ce déclin indique « qu’un problème nutritionnel lié à la qualité de la nourriture s’est développé pendant ces cinquante ans ».

La nutritionniste Agnès Rousseaux explique que les causes de cette déperdition sont liées aux  » méthodes agricoles d’abord : l’utilisation intensive de pesticides et d’herbicides, les excès d’engrais qui augmentent la vitesse de croissance des plantes et diminuent proportionnellement le temps de fixation des micronutriments. Les techniques intensives épuisent aussi les sols, dont la teneur globale en nutriments diminue dans certaines zones. En cause également, selon Brian Halweil, un spécialiste américain de l’agriculture et de l’alimentation, les traitements de conservation et les rallongements du temps de transport. (…) En cause également, les pratiques de sélection des plantes selon leur rendement. Les agriculteurs préfèrent les plantes qui poussent vite, produisent beaucoup et ont une belle apparence. Mais plus le rendement est élevé, moins la plante dépense d’énergie à absorber des oligo-éléments, et plus la teneur en nutriments est faible. » (1)

Selon Jacques Valentin, rédacteur santé du site Gestion Santé, le problème, grave en soi, se conjugue aux mauvaises habitudes alimentaires et à des pratiques « délibérées » d’appauvrissement de certains aliments, par exemple le pain : les boulangers sont passés à des farines très pauvres en minéraux et autres nutriments parce qu’elles sont plus faciles à faire lever et parfois jugées plus esthétiques. (2) Lire à ce sujet l’interview de Walter Lopez, nutritionniste chez Limagrain, interviewé sur le site LaNutrition.fr.

Notre consommation d’aliments de qualité a baissé. Mais nos besoins, eux, ont augmenté.

En effet, les conditions de vie moderne, en particulier dans les grandes villes (circulation intensive, vitesse et intensité de la communication, bruit, pollution) provoquent un stress et donc une augmentation de nos besoins en micro-nutriments.

L’état de stress est nécessaire et utile à la survie dans un environnement hostile. Il permet une conscience accrue, une plus grande attention aux détails, des réactions plus rapides.

Mais il est nuisible pour l’organisme lorsqu’il devient votre état constant ou prédominant. En effet, votre organisme sécrète des hormones (cortisols, insuline, leptine, adrénaline…) qui nuisent à la bonne santé de vos organes, au renouvellement cellulaire, et accélèrent le vieillissement.

Le stress peut devenir intense et si fréquent que vous ne parvenez plus, dans les rares moments de répit, y compris pendant votre sommeil, à retrouver un état de détente normale, propice à la régénération de votre organisme, à un rééquilibrage hormonal, et au retour au calme émotionnel.

Dans la mesure où il n’est en général ni possible, ni même souhaitable, de renoncer aux avantages des transports et des télécommmunications rapides, il devient indispensable pour le maintien d’une bonne santé à long terme, de modifier votre alimentation et votre mode de vie pour mieux lutter contre le stress.

Il y a un siècle, la vie comptait des occasions permanentes de s’arrêter, se poser, au moins sur le plan intellectuel. Les transport, qui se faisaient souvent à pied, à cheval, à bicyclette, l’absence de téléphone, la lenteur du courrier, donnaient le temps de réfléchir et de méditer. Les causes de stress étaient rares.

Cela fait que nos arrières-grands-parents n’avaient pas besoin, autant que nous, de se préoccuper de leur nutrition, ni d’apprendre à se relaxer.

Nos corps ont besoin de nutriments essentiels

Pour fonctionner correctement, notre organisme a besoin de matières énergétiques (glucides des céréales, graisses d’origine animale et végétale) et de matériaux de construction des tissus (protéines tirées de la viande, du poisson, des oeufsœufs et des légumes) dont le manque provoque une sensation de faim.

Il a, plus spécifiquement, besoin de certaines graisses que le corps est incapable de synthétiser lui-même (acides gras essentiels), de certains acides aminés qu’il ne sait pas fabriquer non plus (acides aminés essentiels), de nutriments comme les minéraux (calcium, magnésium, soufre), les oligo-éléments (fer, zinc, cuivre, manganèse, bore, sélénium, molybdène, etc.), les vitamines (A, B, C, D, E, K) et d’autres micro-éléments bioactifs que seule l’alimentation peut et doit lui apporter.

Ces nutriments sont des cofacteurs métaboliques indispensables au fonctionnement des milliers de réactions enzymatiques qui interviennent à tout instant, pour l’entretien et la régénération de tous les tissus et organes : systèmes digestif, respiratoire, ostéoarticulaire, cardiovasculaire, neuropsychique, immunitaire, endocrinien, etc.

Or, contrairement aux manques de substances énergétiques et protéiques, les carences en nutriments essentiels ne sont pas détectées immédiatement par le corps. Aussi, des processus vitaux à moyen et long terme ralentissent et se dérèglent, mais nous n’éprouvons pas de sensation équivalente à celle de la faim. Ces dérèglements peuvent engendrer une plus grande sensibilité au stress et aux infections avec fatigue, anxiété, angoisse, insomnie, faiblesse musculaires, douleurs diffuses, crampes, dysfonctionnements gastro-intestiaux, tachycardie, vertiges, migraines, voire malaise et dépression ; mais nous n’interprétons généralement pas ces symptômes comme résultant de carences nutritionnelles.

Des carences qui ont des conséquences graves

Nous laissons donc les carences s’installer, pendant des années, voire des dizaines d’années, puis nous nous apercevons un jour que nous avons contracté une maladie dégénérative comme l’arthrose, l’ostéoporose, le diabète, des troubles cardiovasculaires, maladies auto-immunes dont le cancer, voire neuropsychique comme l’Alzheimer.

Mais nous ne faisons pas suffisamment le lien entre la qualité de notre alimentation et notre santé.

Pourtant, les statistiques témoignent d’une augmentation sans précédent des maladies chroniques dans la population française. Actuellement, pas moins de neuf millions de personnes en France sont prises en charge à 100 % par la Sécurité Sociale pour des maladies de longue durée (Affection Longue Durée, ALD), soit un assuré social sur six. Les ALD concernent en général des pathologies lourdes, voire invalidantes.

Une étude réalisée sur les momies de l’Egypte Antique a permis de démontrer que les tumeurs cancéreuses étaient quasiment inexistantes à l’époque. Les études réalisées sur les squelettes datant du paléolithique révèlent que nos ancêtres chasseurs-cueilleurs n’avaient ni caries, ni diabète, ni cholestérolostéoporose.

Aujourd’hui encore, on constate que les tribus qui n’ont pas adopté le mode de vie des pays industrialisés peuvent avoir des taux très bas de maladies qui sont courantes chez nous : les Inuits ont peu ou pas de maladies cardiovasculaires ; les Indiens Maoris de Nouvelle-Zélande ne connaissent pratiquement pas l’arthrose, y compris à un âge très avancé ; les adolescents n’ont pas d’acné dans les sociétés traditionnelles d’Amazonie ou de Nouvelle-Guinée, les Japonais de l »ïle d’Okinawa vivent pour la plupart au-delà de cent ans, etc.

C’est sur la base de ce constat que les chercheurs en médecine naturelle (on dit aussi « médecine intégrative », car beaucoup d’entre eux combinent l’approche naturelle et nutritionnelle avec la médecine conventionnelle) affirment qu’il y aurait un lien entre les deux phénomènes : carences en micro-nutriments et déséquilibres du mode de vie d’une part, hausse des maladies chroniques (dites de civilisation : dépression, asthme, diabète, colopathies, néphrite, cardiopathies, arthrose, polyarthrite, ostéoporose, cancer, etc.) d’autre part. "

Alimentation poison

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Publié dans Constats

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